septembre 2021 - N° 115
Le concept de perturbation endocrinienne est récent. C’est en 1991, par la déclaration de Wingspread, que des scientifiques ont exprimé pour la première fois leurs préoccupations concernant les conséquences de l’exposition de l’Homme et de l’environnement à des substances chimiques pouvant interagir avec le système endocrinien. Ces substances sont désignées sous le terme de « perturbateurs endocriniens ». La définition communément admise est celle de l’Organisation mondiale de la santé :
« un perturbateur endocrinien est une substance ou un mélange de substances qui altère les fonctions du système endocrinien et, de ce fait, induit des effets nocifs sur la santé d’un organisme intact, de ses descendants ou de (sous-)populations ».
Les perturbateurs endocriniens se retrouvent dans de nombreux objets et produits de la vie courante (produits ménagers, détergents, produits de traitement des cultures, cosmétiques, produits alimentaires, etc.). Ils sont également présents dans l’environnement du fait d’une contamination des différents milieux (eaux, sédiments, sols, air, etc.). L’étude de bio-surveillance de la population française a montré une imprégnation, notamment des enfants, par certains de ces PE comme les phtalates ou les bisphénols. De nombreuses études décrivent un lien probable entre l’exposition à certains de ces PE et les troubles de la fertilité et de la reproduction. Des atteintes neurologiques comme l’autisme, la baisse de quotient intellectuel ou des troubles métaboliques comme le diabète ou l’obésité, sont également suspectés d’être associés à une exposition aux perturbateurs endocriniens.
Les professionnels de santé ainsi que les autorités réglementaires nationales et internationales sont de plus en plus mobilisés sur cette question. La France a été particulièrement active avec la publication de deux stratégies nationales sur les perturbateurs endocriniens. Cependant des incertitudes subsistent et les PE font toujours l’objet de controverses.
L’objet de ce dossier est d’apporter un éclairage objectif sur ce sujet complexe du point de vue de la recherche, de la clinique, des développements réglementaires et de la prise en compte par les collectivités.